Contexte
Dans le monde entier, l’omniprésence et la prévalence croissante de l’obésité sont alarmantes. Même s’il existe des preuves scientifiques du lien entre l’obésité et plusieurs conditions médicales graves, comme le diabète et les maladies cardiovasculaires, on connaît malheureusement peu de choses sur la nature de ce lien. Des travaux de recherche récents et très prometteurs ont démontré que l’étude du microbiote intestinal, un ensemble de micro-organismes vivant dans l’appareil digestif, pourrait jouer un rôle clé dans la compréhension des liens entre l’obésité et les maladies qui y sont associées.
Le système endocannabinoïde et son expansion vers l'endocannabinoïdome représentent un système de lipides de signalisation et leurs récepteurs qui sont profondément impliqués dans le contrôle de l'équilibre énergétique et, en cas de dysfonctionnement, dans l'obésité et ses conséquences pathologiques. Ils sont donc susceptibles d'intervenir aussi dans le contrôle de ces conditions par le microbiote intestinal.
Mission
La mission de la Chaire d'excellence en recherche du Canada sur l’axe microbiome-endocannabinoïdome dans la santé métabolique (CERC-MEND), dirigée par le Dr. Vincenzo Di Marzo, vise à comprendre la connexion complexe qui existe entre le microbiote intestinal, l'endocannabinoïdome, la nutrition et l’obésité. Les recherches visent aussi à élaborer des traitements thérapeutiques nouveaux et plus efficaces dans le but d’améliorer l’état de santé des Canadiens.
Objectifs
L'objectif principal de la recherche de la CERC est de comprendre si le système endocannabinoïde élargi, ou endocannabinoïdome, qui comprend plus de 100 médiateurs lipidiques, plus de 10 récepteurs différents et 40 enzymes métaboliques contrôlant les niveaux de médiateurs, est un élément important des mécanismes chimiques complexes de communication entre les cellules hôtes et le microbiote intestinal, dans le contexte de la régulation du métabolisme et de ses dysfonctionnements pathologiques (hyperphagie, obésité viscérale, dyslipidémie, insulinorésistance, diabète de type 2, stéatose hépatique et autres comorbidités périphériques et centrales de l'obésité).
Retombées
Les résultats des activités de recherche de la CERC, obtenus à partir d'études in vivo sur des modèles animaux et des sujets humains, ainsi qu'en utilisant des modèles in vitro et ex vivo (cultures de cellules primaires ou de cellules souches, biopsies, organoïdes), mettront en lumière les aspects dysfonctionnels de la communication entre les cellules hôtes et les microorganismes intestinaux qui sous-tendent les effets négatifs des perturbations des microbiotes intestinaux sur la santé métabolique, jouant ainsi un rôle dans le développement de l'obésité, du diabète de type 2, de l'hépatostéatose et de leurs complications cardiovasculaires et rénales, ainsi que dans les troubles de l'humeur qui accompagnent normalement ces affections dysmétaboliques, comme l'anxiété et les troubles dépressifs majeurs.
La CERC vise à identifier de nouvelles molécules dérivées du microbiote intestinal, en particulier celles capables d'influencer l'endocannabinoïdome de l'hôte, qui pourraient servir de base au développement de nouvelles interventions pharmacologiques, nutritionnelles et de style de vie pour restaurer ou préserver la santé métabolique, cardiovasculaire et mentale. En même temps, elle vise à comprendre comment des perturbations pathologiques du système de signalisation de l'endocannabinoïdome de l'hôte peuvent altérer l'écosystème du microbiote intestinal et donc son action physiologique.